Michel Berger
Discographie
Les paroles
Les photos
Historique
Les articles
Quoi d'neuf ?
Remerciements
Liens
Fichiers MIDI
|
|
FRANCE GALL:
LE BONHEUR RETROUVE |
|
Article du site: Le
soir illustré
Elle chante Michel Berger comme jamais. Avec une voix plus
grave mais plus douce aussi. France pense que les temps sont
plus doux avec elle et que, demain, ils seront forcément
meilleurs. Interview d'une femme presque zen...
Paris au soleil. Une petite rue discrète dans le dix-septième.
C'est là que France Gall a ses bureaux beaux et modernes
avec, au premier étage, le studio de Michel Berger. Elle
arrive à l'heure dans une tenue sport-ville noire et blanche.
Prête à passer une heure en tête-à-tête
avec la journaliste. Prête à répondre à
toutes les questions de façon personnelle, franche et
simple, mais jamais impudique. France Gall, qu'on le sache, ne
célébrera pas de manière morbide le quatrième
anniversaire de la mort de son mari en août prochain. France
Gall va bien! Et elle chante! Son nouvel album, intitulé
tout naturellement France, ne comprend que des classiques de
Michel. La seule vraie surprise de ce disque, enregistré
aux Etats-Unis, c'est justement l'interprétation de France
et de ces musiciens américains aussi émérites
que Marcus Miller ou Vinnie Colaiuta, le batteur de Sting. Oui,
il y a plus de douceur et d'originalité dans ce disque-là.
Eh oui, il fait déjà un carton en France. Et dans
le studio de Michel, où le soleil vient d'entrer par la
fenêtre, France parle de bonheur...
Légère et profonde
- Votre voix est à la fois plus douce et plus grave sur
ce disque. C'est frappant.
- J'ai toujours eu une voix plus grave, même si personne
ne le sait. C'est mon timbre qui est un peu enfantin. Sur ce
disque, j'ai voulu qu'on entende le vrai son de ma voix. J'ai
chanté très rapprochée et je n'ai pas forcé.
- Vous sentez-vous plus douce et plus grave aujourd'hui?
- Plus douce, certainement pas. Plus grave, oui. Quand on
avance avec la vie, on devient forcément plus grave. C'est
ce qu'on vit qui nous rend plus grave, plus raisonnable et plus
profond. Je me sens concernée. Je ne suis pas quelqu'un
de superficiel qui vit les choses comme un oiseau.
- Vous n'avez pas donné une impression de superficialité
jusqu'ici.
- Non, mais je n'aime pas m'appesantir. Je suis plutôt
gaie. Et même si cela n'en a pas l'air, parce que ma vie
est étalée dans les journaux, je suis pudique.
Je ne parlerais jamais de moi, si on me laissait faire! (Elle
rit).
- On voit toujours ces titres: <<France, malheureuse!>>
ou <<Elle a vécu ça!>> C'est vrai que
j'ai vécu ça, mais ce n'est pas la peine de le
répéter pendant des années! En ce moment,
je ne vis pas dans le drame. Je vis dans la musique. C'est une
période plus douce. Je pense que je rentre dans une bonne
période!
- On pouvait tout de même s'attendre à vous voir
revenir avec de nouvelles chansons.
- De quoi? De qui? Je ne me pose même pas la question.
- Beaucoup d'artistes auraient certainement envie de vous
écrire des chansons.
- C'est très gentil mais je ne suis pas en demande.
- Et dans trois ans?
- Je ne sais pas. C'est vrai que dans ce métier, on
nous pose toujours des questions sur l'avenir. Je suis sûre
que le mien sera très riche, mais je ne sais pas encore
de quoi. Je suis très confiante et optimiste.
Leçon de vie
- Vous avez plusieurs fois annoncé que vous vous retiriez
de la chanson et, là, vous proclamez qu'elle est essentielle.
Un peu comme si vous alterniez entre des périodes de ras-le-bol
total et d'enthousiasme fou.
- Ce ne sont pas des périodes de ras-le-bol. D'abord,
je suis en période de réflexion. C'est normal.
A partir de quarante ans, j'ai commencé à me poser
des questions. Vous me direz que c'est un peu tard, mais je crois
que toutes les femmes s'en posent à cet âge-là.
Quand j'ai voulu arrêter de chanter, j'avais le sentiment
d'avoir été au bout des choses. Et d'une certaine
manière, c'était vrai. J'étais parfaitement
comblée avec tous les albums faits avec Michel et surtout
la scène. Après cela, j'ai pris quelques années
de réflexion; et puis, j'ai décidé de recommencer
la musique avec Michel. On voulait faire le tour du monde et
chanter dans toutes les villes qu'on adorait, comme Phnom Penh
et Shanghai. La vie en a décidé autrement. C'est
une des raisons pour lesquelles je ne fais pas de projets. Je
me laisse porter. Je vis le présent. Je crois que c'est
une sage décision et c'est vachement plus agréable.
- Vous êtes zen!
- J'essaie. Ca m'intéresse beaucoup. Je change, tout
le temps, de décoration chez moi. Je change les meubles,
les objets, les tableaux. En ce moment, je fais le vide. J'en
ai besoin. Donc, oui, je me rapproche du zen. Où cela
va-t-il s'arrêter? Je ne sais pas.
- Peut-être allez-vous devenir bouddhiste?
- Non, j'ai la foi mais je ne l'enferme pas dans une religion.
J'ai mes petites idées là-dessus. Je suis attentive
à ce qui se passe autour de moi et j'accueille les petits
bonheurs inattendus comme les petits ou les gros coups durs.
J'essaie de faire la part des choses et de comprendre pourquoi
cela m'arrive. Je pense que les épreuves servent à
vous enseigner quelque chose. Je crois que si on les laisse passer,
sans en retirer quoi que ce soit de positif, il y en a une autre
qui arrive après.
- Ne pensez-vous pas que l'on puisse apprendre autrement qu'au
travers d'épreuves?
- Je me le demande. Je crois que seules les épreuves
nous font avancer. Et c'est pour cela que nous en avons au début,
au milieu ou à la fin de notre vie. Moi, c'était
au milieu.
Vivre son idéal
- Un jour, vous avez dit avoir eu un belle vie parce que vous
aviez vécu votre idéal. Mais, au début,
on a vous a poussée vers la chanson. A seize ans, vous
aviez peut-être envie d'avoir une adolescence normale?
A quel moment, avez-vous senti que cette vie-là était
idéale?
- Quand j'ai accepté à seize ans de faire ce
métier, c'est parce que je ne voulais pas redoubler ma
troisième. J'ai donc sauté sur l'occasion d'enregistrer
un disque. Je ne me rendais pas compte que ça allait foutre
en l'air dix années de ma vie. Ne pas vivre son adolescence,
c'est comme ne pas vivre son enfance. Ça détraque.
Alors, bon, je suis quelqu'un d'assez équilibré,
c'est pour ça que je suis toujours là; mais c'est
un métier très difficile quand on est jeune. D'un
seul coup, on est sur une autre planète. Il ne faut pas
perdre les pédales. Beaucoup de gens sont morts, par suicide
ou par overdose. Commencer très jeune est un danger mais,
en même temps, cela m'a appris à savoir ce que je
ne voulais pas faire et cela m'a permis d'apprécier la
manière de travailler de Michel. Cela m'a également
montré que ce métier, je pouvais l'adorer. La preuve:
aujourd'hui, je découvre un bonheur plus grand dans ce
métier. Je me sens plus responsable. Et je vois que je
suis capable de penser et de réaliser un disque ainsi
qu'un spectacle. Avant, je ne me posais pas la question.
- Vous aviez une vie confortable.
- Hyper confortable! Je faisais un disque tous les x ans,
j'élevais mes enfants, je m'occupais de mes maisons. Et
justement, mon idéal, c'était de me marier et d'avoir
des enfants. Et j'ai réussi, dans ce métier de
dingues, à faire une famille!
- Comment cela se passe-t-il avec Pauline et Raphaël,
vos enfants?
- C'est un bonheur quotidien de les voir grandir, évoluer
et mûrir. Ils ont quinze et dix-sept ans aujourd'hui. Ce
sont des enfants très responsables et, quelquefois, j'ai
l'impression d'être leur fille. Ils savent, néanmoins,
qu'ils peuvent compter sur moi et que je prendrai les décisions.
Je ne veux pas leur mettre sur le dos le poids d'enfants semi-orphelins.
Je pense que les enfants, il faut les laisser en liberté
et les responsabiliser. Pauline et Raphaël ont beaucoup
d'originalité et de fantaisie. Et je ne veux pas casser
ça.
- Comment voyez-vous venir la cinquantaine?
- Je n'ai pas encore fait ami-ami avec la vieillesse. Mais
j'ai noté, dans mon petit carnet, cette phrase: <<Il
n'y a que les sots qui se lamentent de vieillir>>. Cela
me force à accepter que la vieillesse n'est pas obligatoirement
une horreur. D'un côté, je me sens dix-huit ans;
et de l'autre, je me sens avec beaucoup d'expérience.
Et une certaine sagesse qui arrive.
Joëlle Lehrer.
Toutes les précisions et suggestions sont les
bienvenues.
Dernières modifications: le 23-03-97. |
|
|